.Page d' accueil > histoire > Extrait du livre "Histoire d' Iwuy" Mise à jour :09/10/09

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HISTOIRE D'IWUY

PAR

M. l'Abbé O. DEHAISNES et M. l'Abbé A. BONTEMPS,

Curé d'Iwuy, Membre de la Commission historique du Nord,

LILLE

IMPRIMERIE L. DANEL

1887

PRÉFACE

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Retour en haut de page Le projet d’étudier, d'écrire et de publier l'histoire d'Iwuy a été conçu et entrepris par M. l'abbé O. Dehaisnes. Curé de cette paroisse depuis 1869, il s’est dit, il y a longtemps déjà, qu'il était de son devoir de rechercher les documents et les faits relatifs à cette histoire et de les faire connaître à la population dont le soin spirituel lui est confié. Il savait d’ailleurs, en entreprenant ce travail, qu’il serait activement secondé par son frère, l'auteur de cette préface, alors archiviste du département du Nord. M. l'abbé A. Bontemps, nommé vicaire d’Iwuy en 1879, entra dans ces vues et s’y dévoua avec ardeur. Ensemble, unissant leurs recherches et leurs efforts dans des travaux et des entretiens de chaque jour, de chaque instant, lorsque les fonctions de leur ministère leur en laissaient le loisir, le curé, et le vicaire d'Iwuy ont produit une œuvre dans laquelle tout est commun, où il est souvent impossible de discerner la part qui revient à chacun, excepté pour les chapitres des fouilles qui sont l’œuvre spéciale de M. A. Bontemps et pour les pages sur l'organisation religieuse de la paroisse, qui a attiré plus particulièrement l’attention de M. O. Dehaisnes.

Retour en haut de page Jamais jusqu'alors personne ne s’était occupé de l'histoire d’Iwuy. Les érudits étaient d'avis qu'on ne trouverait presque pas de renseignements sur ce village et que les documents feraient défaut pour un ouvrage d’une certaine importance, d'une certaine étendue. Malgré cette opinion émise par des hommes compétents, les deux auteurs se mirent à l’œuvre; ils consacrèrent près de quatre années d’un travail assidu, opiniâtre, à faire des recherches partout où ils espéraient pouvoir rencontrer des mentions, des souvenirs, même les moins importants, concernant Iwuy. Leurs efforts ont été couronnés de succès; ils ont pu produire une œuvre considérable, dont nous voudrions faire connaître les sources, le plan et l'intérêt spécial.

Retour en haut de page Les sources de l'histoire d’Iwuy sont nombreuses et de nature différente. La première. c'est le sol même de la commune : en l’étudiant, en le fouillant, il a été possible de déterminer sa constitution géologique et géographique, d'y retrouver de nombreux vestiges des populations de l'époque de l’âge de pierre et de la période gallo-romaine, d'y recueillir plus de quatre cents objets, haches et instruments divers en silex, fragments de marbres, de colonnes, de peintures murales et d’inscriptions, monnaies depuis les consuls jusqu'aux derniers empereurs, qui font aujourd'hui un musée des antiques dans un modeste presbytère.

Retour en haut de page Une autre source d'informations est provenue des dénominations de lieux-dits, des légendes et des traditions, des récits obtenus, à la suite de nombreuses questions, de la bouche des vieillards et des cultivateurs. Ces anciens souvenirs, contrôlés avec soin, furent, à diverses reprises, le point de départ d'heureuses découvertes pour toutes les périodes de l’histoire.

Retour en haut de page Les archives devaient être et ont été en effet la source principale à laquelle ont puisé les auteurs. Le dépôt communa1 d'Iwuy renferme deux séries de documents bien conservés : les registres de naissance, de mariage et de décès à peu près complets depuis 1714 jusqu'à nos jours () et environ 2.000 actes passés devant l'échevinage, dont le plus ancien remonte à, 1’année 1385. Ces registres et ces actes qui étaient en complet désordre, ont été classés et analysés avec soin : ils ont fourni les noms des maires et des échevins durant plusieurs siècles, avec ceux d'un grand nombre de familles, et des documents d'un véritable intérêt. Malheureusement, en dehors de ces deux séries, rien dans les archives communales d'Iwuy; pas un compte, pas un registre aux délibérations antérieur à la Révolution.

Retour en haut de page C'est surtout le riche dépôt des archives départementales du Nord, qui a été fructueusement consulté. Le fonds de l'abbaye de Saint Aubert de Cambrai, à laquelle appartenaient la dîme et la collation de la cure, renferme 386 registres et plus de 1.500 pièces isolées, dont le dépouillement a présenté des révélations inespérées sur le village, sur ses seigneurs, sur les principaux événements qui s'y sont passés. Beaucoup d'utiles renseignements ont aussi été trouvés en d'autres fonds du même dépôt, ceux de la cathédrale de Cambrai, de la collégiale Saint-Géry, de la collégiale Sainte-Croix,, des abbayes de Prémy, de Saint-Amand, de Notre-Dame des Prés et du béguinage Sainte-Elisabeth de Valenciennes, qui possédaient des biens à Iwuy. Il en a été de même dans les archives hospitalières de Valenciennes et surtout dans celles de Cambrai où se conserve le fonds de l'hôpital Saint-Julien qui a fourni quelques pièces d'une haute importance.

Retour en haut de page Les archives civiles ont aussi été mises à contribution pour l’histoire d’Iwuy. Les fonds des comtes de Hainaut, des Juridiction féodales et de l'intendance à Lille et surtout à Mons en Belgique ont permis de suppléer en partie aux nombreuses lacunes des archives de la commune en ce qui concerne les seigneurs, les hommes de fief, l'administration échevinale et l'état du village. Des renseignements analogues ont été trouvés, mais en moindre nombre, dans les archives nationales de Paris, dans le dépôt départemental du Pas-de-Calais à Arras, dans la riche collection Cambrésienne de M. Victor Delattre, et dans les papiers conservés par plusieurs familles d’Iwuy et des environs.

Retour en haut de page Les manuscrits et les chroniques ou autres ouvrages imprimés de diverses bibliothèques publiques, notamment de Cambrai, Valenciennes, Douai, Arras et Lille, ont servi à compléter le travail, surtout en ce qui concerne les rapports de l'histoire d’Iwuy avec l'histoire de la région.

Retour en haut de page Il est permis d'affirmer d’une manière générale qu'aucune des sources, Pouvant fournir des renseignements, n'a été négligée.

Retour en haut de page Après avoir recueilli les documents, il fallait les mettre en œuvre. Les deux auteurs ont conçu, pour leur ouvrage, un plan tracé avec suite et unité, qui correspond, aux grandes divisions de l'histoire du Hainaut et du Cambrésis. Le premier chapitre est une description géologique et géographique du sol et des eaux à Iwuy, tels qu'ils devaient être lorsque l'homme en prit possession; l’époque préhistorique et la période gallo-romaine sont étudiées, d'après les résultats des fouilles, d'après les chemins et les dénominations des lieux-dits, dans le second et le troisième chapitre. Le quatrième est consacré à l'organisation religieuse de la paroisse d'Iwuy, question qui s’offre la première par ordre de date dans le moyen-âge. L'organisation seigneuriale et communale, qui est postérieure fait l'objet du cinquième chapitre. Dans le sixième , il est parlé de ce qu'Iwuy eut à souffrir durant la guerre de Cent ans et la rivalité des ducs de Bourgogne et des rois de France et en outre de la famille seigneuriale et des faits intéressant la localité. Les deux chapitres suivants présentent l'histoire du village et de ses seigneurs durant la domination espagnole de 1526 à 1678; et les deux derniers, qui commencent en 1678, date du retour à la France, et se terminent en 1790, ont pour titres : " l'Administration française et les seigneurs " et " l'Église et le village depuis le retour à la France jusqu'à la Révolution " ()

Retour en haut de page En tête de plusieurs des grandes périodes historiques que nous venons d'indiquer les auteurs ont exposé des idées générales dont il n'avait guère été question jusqu'aujourd'hui dans les travaux d’intérêt local relatifs au Hainaut et au Cambrésis , telles que l’organisation religieuse, les dîmes et les chapellenies, la formation des pouvoirs du " villicus " et de la commune, les droits et les devoirs des seigneurs et des hommes de fief. Mais ils ont eu soin de ne consacrer qu'une ou deux pages et même souvent que quelques lignes à ces idées générales, qui éclairent le récit sans interrompre sa marche et son unité.

Retour en haut de page C'est encore dans le but d'éviter ce qui aurait pu paraître trop long qu’ils ont étudié, dans les notes du bas des pages, diverses difficultés concernant des points de chronologie, de topographie ou de généalogie. Il a paru indispensable de parler avec une certaine étendue de quelques seigneurs d’Iwuy, entre autres de Philippe de Sainte-Aldegonde, qui a joué un rôle politique très important diversement apprécié par les historiens.

Retour en haut de page Dans un livre qui sera mis entre les mains des habitants d'Iwuy, il a paru nécessaire de citer tous les noms d'échevins qui ont été retrouvés. Ces noms ont été insérés dans le récit par groupes, de manière à pouvoir être facilement négligés par les lecteurs qui n'auraient pas intérêt à les parcourir.

Retour en haut de page On remarquera que les notes indiquant les documents et les ouvrages consultés sont très nombreuses et très précises. Les auteurs ont en cela satisfaire aux légitimes exigences de l’érudition moderne. C'est dans la même pensée qu'ils ont complété leur travail par la publication d’un grand nombre de documents inédits qui forment un véritable cartulaire d'une commune rurale et qui ont été reproduits d'après les originaux, sans aucune altération dans le texte, avec les i pour les j, les u pour les v, etc. Le nombre et la variété des pièces donnent à ce cartulaire un réel intérêt. Une table très développée facilite les recherches. L’ouvrage est orné de plusieurs planches, sorties des ateliers de M. P. Dujardin, de Paris, et de M. L. Danel, de Lille.

Retour en haut de page Les Sociétés savantes du Nord ont apprécié le mérite de l'histoire d’Iwuy. La Société d'Émulation de Cambrai lui a décerné sa plus haute distinction dans sa séance publique du 7 novembre 1886. M. A. Durieux, secrétaire général de cette Société, auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de Cambrai, écrivant en date du 23 octobre précédent à l'un des auteurs pour l'inviter officiellement à la séance, ajoute ces lignes qui font tout à la fois l'éloge de celui qui les a reçues et de celui qui les a tracées : " L'indulgence avec laquelle vous appréciez mes notices ne saurait me faire oublier toutefois combien la recherche des documents que j’ai pu employer m’a été facile, si je la compare aux peines que vous a coûtées votre immense travail, à la sûreté de vos indications, à l'érudition profonde et aux savantes déductions qui font de vos fouilles archéologiques et de votre histoire d'Iwuy une œuvre remarquable, dont sans Vanité d'aucune sorte, vous pouvez être fier (). "

Retour en haut de page La Commission historique du département du Nord a décidé que l'Histoire d'Iwuy serait insérée dans son Bulletin. Voici en quels termes, son vice-président, M. Van Hende, l'historien lillois, a rendu compte de ce travail, au nom de la Commission : " Le tome XVIII de la Commission comprendra l'Histoire d'Iwuy, par MM. O. Dehaisnes et A. Bontemps. Cette publication qui est un véritable modèle du genre, montre à quels résultats la persévérance et le zèle pour la recherche des documents peuvent conduire les auteurs d'histoires de communes rurales qui paraîtraient, au premier abord, n'avoir joué aucun rôle appréciable dans le passé. L'histoire d’Iwuy débute par des données très intéressantes sur les populations primitives de cette localité : ce ne sont pas des récits ne reposant sur aucune base, comme cela arrive trop généralement pour les histoires des communes rurales; c’est le résultat des fouilles entreprises dans le sol lui-même et le résumé des découvertes par l'auteur de ces fouilles. Le moyen-âge, les temps plus modernes jusqu'en 1789, n'ont pas été moins fertiles en révélations : ici encore, rien n'a été affirmé sans preuves et les fouilles dans les vieux documents n'ont pas été moins fructueuses que celles opérées dans le sol. Cette importante publication comprend plus de 400 pages (). "

Retour en haut de page Nous avons emprunté à d'autres les appréciations sur l'Histoire d’Iwuy. Il ne nous appartenait pas d'émettre une opinion sur la valeur d'un travail, auquel nous sommes loin d’avoir été étranger et dont les auteurs nous sont unis par les liens les plus étroits du sang et de l'amitié.

O. DEHAISNES , Archiviste honoraire du département du Nord.
Lille, le 1er décembre 1887.

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