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HISTOIRE D'IWUY
PAR
M. l'Abbé O. DEHAISNES et M. l'Abbé A. BONTEMPS,
Curé d'Iwuy, Membre de la Commission historique du Nord,
LILLE
IMPRIMERIE L. DANEL
1887
PRÉFACE
______
Le projet détudier, d'écrire et de publier l'histoire
d'Iwuy a été conçu et entrepris par M. l'abbé O. Dehaisnes.
Curé de cette paroisse depuis 1869, il sest dit, il y a
longtemps déjà, qu'il était de son devoir de rechercher les
documents et les faits relatifs à cette histoire et de les faire
connaître à la population dont le soin spirituel lui est
confié. Il savait dailleurs, en entreprenant ce travail,
quil serait activement secondé par son frère, l'auteur de
cette préface, alors archiviste du département du Nord. M.
l'abbé A. Bontemps, nommé vicaire dIwuy en 1879, entra
dans ces vues et sy dévoua avec ardeur. Ensemble, unissant
leurs recherches et leurs efforts dans des travaux et des
entretiens de chaque jour, de chaque instant, lorsque les
fonctions de leur ministère leur en laissaient le loisir, le
curé, et le vicaire d'Iwuy ont produit une uvre dans
laquelle tout est commun, où il est souvent impossible de
discerner la part qui revient à chacun, excepté pour les
chapitres des fouilles qui sont luvre spéciale de M.
A. Bontemps et pour les pages sur l'organisation religieuse de la
paroisse, qui a attiré plus particulièrement lattention
de M. O. Dehaisnes.
Jamais jusqu'alors personne ne sétait occupé de
l'histoire dIwuy. Les érudits étaient d'avis qu'on ne
trouverait presque pas de renseignements sur ce village et que
les documents feraient défaut pour un ouvrage dune
certaine importance, d'une certaine étendue. Malgré cette
opinion émise par des hommes compétents, les deux auteurs se
mirent à luvre; ils consacrèrent près de quatre
années dun travail assidu, opiniâtre, à faire des
recherches partout où ils espéraient pouvoir rencontrer des
mentions, des souvenirs, même les moins importants, concernant
Iwuy. Leurs efforts ont été couronnés de succès; ils ont pu
produire une uvre considérable, dont nous voudrions faire
connaître les sources, le plan et l'intérêt spécial.
Les sources de l'histoire dIwuy sont nombreuses et de
nature différente. La première. c'est le sol même de la
commune : en létudiant, en le fouillant, il a été
possible de déterminer sa constitution géologique et
géographique, d'y retrouver de nombreux vestiges des populations
de l'époque de lâge de pierre et de la période
gallo-romaine, d'y recueillir plus de quatre cents objets, haches
et instruments divers en silex, fragments de marbres, de
colonnes, de peintures murales et dinscriptions, monnaies
depuis les consuls jusqu'aux derniers empereurs, qui font
aujourd'hui un musée des antiques dans un modeste presbytère.
Une autre source d'informations est provenue des dénominations
de lieux-dits, des légendes et des traditions, des récits
obtenus, à la suite de nombreuses questions, de la bouche des
vieillards et des cultivateurs. Ces anciens souvenirs,
contrôlés avec soin, furent, à diverses reprises, le point de
départ d'heureuses découvertes pour toutes les périodes de
lhistoire.
Les archives devaient être et ont été en effet la source
principale à laquelle ont puisé les auteurs. Le dépôt
communa1 d'Iwuy renferme deux séries de documents bien
conservés : les registres de naissance, de mariage et de décès
à peu près complets depuis 1714 jusqu'à nos jours () et
environ 2.000 actes passés devant l'échevinage, dont le plus
ancien remonte à, 1année 1385. Ces registres et ces actes
qui étaient en complet désordre, ont été classés et
analysés avec soin : ils ont fourni les noms des maires et des
échevins durant plusieurs siècles, avec ceux d'un grand nombre
de familles, et des documents d'un véritable intérêt.
Malheureusement, en dehors de ces deux séries, rien dans les
archives communales d'Iwuy; pas un compte, pas un registre aux
délibérations antérieur à la Révolution.
C'est surtout le riche dépôt des archives départementales du
Nord, qui a été fructueusement consulté. Le fonds de l'abbaye
de Saint Aubert de Cambrai, à laquelle appartenaient la dîme et
la collation de la cure, renferme 386 registres et plus de 1.500
pièces isolées, dont le dépouillement a présenté des
révélations inespérées sur le village, sur ses seigneurs, sur
les principaux événements qui s'y sont passés. Beaucoup
d'utiles renseignements ont aussi été trouvés en d'autres
fonds du même dépôt, ceux de la cathédrale de Cambrai, de la
collégiale Saint-Géry, de la collégiale Sainte-Croix,, des
abbayes de Prémy, de Saint-Amand, de Notre-Dame des Prés et du
béguinage Sainte-Elisabeth de Valenciennes, qui possédaient des
biens à Iwuy. Il en a été de même dans les archives
hospitalières de Valenciennes et surtout dans celles de Cambrai
où se conserve le fonds de l'hôpital Saint-Julien qui a fourni
quelques pièces d'une haute importance.
Les archives civiles ont aussi été mises à contribution pour
lhistoire dIwuy. Les fonds des comtes de Hainaut, des
Juridiction féodales et de l'intendance à Lille et surtout à
Mons en Belgique ont permis de suppléer en partie aux nombreuses
lacunes des archives de la commune en ce qui concerne les
seigneurs, les hommes de fief, l'administration échevinale et
l'état du village. Des renseignements analogues ont été
trouvés, mais en moindre nombre, dans les archives nationales de
Paris, dans le dépôt départemental du Pas-de-Calais à Arras,
dans la riche collection Cambrésienne de M. Victor Delattre, et
dans les papiers conservés par plusieurs familles dIwuy et
des environs.
Les manuscrits et les chroniques ou autres ouvrages imprimés de
diverses bibliothèques publiques, notamment de Cambrai,
Valenciennes, Douai, Arras et Lille, ont servi à compléter le
travail, surtout en ce qui concerne les rapports de l'histoire
dIwuy avec l'histoire de la région.
Il est permis d'affirmer dune manière générale qu'aucune
des sources, Pouvant fournir des renseignements, n'a été
négligée.
Après avoir recueilli les documents, il fallait les mettre en
uvre. Les deux auteurs ont conçu, pour leur ouvrage, un
plan tracé avec suite et unité, qui correspond, aux grandes
divisions de l'histoire du Hainaut et du Cambrésis. Le premier
chapitre est une description géologique et géographique du sol
et des eaux à Iwuy, tels qu'ils devaient être lorsque l'homme
en prit possession; lépoque préhistorique et la période
gallo-romaine sont étudiées, d'après les résultats des
fouilles, d'après les chemins et les dénominations des
lieux-dits, dans le second et le troisième chapitre. Le
quatrième est consacré à l'organisation religieuse de la
paroisse d'Iwuy, question qui soffre la première par ordre
de date dans le moyen-âge. L'organisation seigneuriale et
communale, qui est postérieure fait l'objet du cinquième
chapitre. Dans le sixième , il est parlé de ce qu'Iwuy eut à
souffrir durant la guerre de Cent ans et la rivalité des ducs de
Bourgogne et des rois de France et en outre de la famille
seigneuriale et des faits intéressant la localité. Les deux
chapitres suivants présentent l'histoire du village et de ses
seigneurs durant la domination espagnole de 1526 à 1678; et les
deux derniers, qui commencent en 1678, date du retour à la
France, et se terminent en 1790, ont pour titres :
" l'Administration française et les
seigneurs " et " l'Église et le village
depuis le retour à la France jusqu'à la Révolution "
()
En tête de plusieurs des grandes périodes historiques que nous
venons d'indiquer les auteurs ont exposé des idées générales
dont il n'avait guère été question jusqu'aujourd'hui dans les
travaux dintérêt local relatifs au Hainaut et au
Cambrésis , telles que lorganisation religieuse, les
dîmes et les chapellenies, la formation des pouvoirs du "
villicus " et de la commune, les droits et les devoirs des
seigneurs et des hommes de fief. Mais ils ont eu soin de ne
consacrer qu'une ou deux pages et même souvent que quelques
lignes à ces idées générales, qui éclairent le récit sans
interrompre sa marche et son unité.
C'est encore dans le but d'éviter ce qui aurait pu paraître
trop long quils ont étudié, dans les notes du bas des
pages, diverses difficultés concernant des points de
chronologie, de topographie ou de généalogie. Il a paru
indispensable de parler avec une certaine étendue de quelques
seigneurs dIwuy, entre autres de Philippe de
Sainte-Aldegonde, qui a joué un rôle politique très important
diversement apprécié par les historiens.
Dans un livre qui sera mis entre les mains des habitants d'Iwuy,
il a paru nécessaire de citer tous les noms d'échevins qui ont
été retrouvés. Ces noms ont été insérés dans le récit par
groupes, de manière à pouvoir être facilement négligés par
les lecteurs qui n'auraient pas intérêt à les parcourir.
On remarquera que les notes indiquant les documents et les
ouvrages consultés sont très nombreuses et très précises. Les
auteurs ont en cela satisfaire aux légitimes exigences de
lérudition moderne. C'est dans la même pensée qu'ils ont
complété leur travail par la publication dun grand nombre
de documents inédits qui forment un véritable cartulaire d'une
commune rurale et qui ont été reproduits d'après les
originaux, sans aucune altération dans le texte, avec les i pour
les j, les u pour les v, etc. Le nombre et la variété des
pièces donnent à ce cartulaire un réel intérêt. Une table
très développée facilite les recherches. Louvrage est
orné de plusieurs planches, sorties des ateliers de M. P.
Dujardin, de Paris, et de M. L. Danel, de Lille.
Les Sociétés savantes du Nord ont apprécié le mérite de
l'histoire dIwuy. La Société d'Émulation de Cambrai lui
a décerné sa plus haute distinction dans sa séance publique du
7 novembre 1886. M. A. Durieux, secrétaire général de cette
Société, auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire de
Cambrai, écrivant en date du 23 octobre précédent à l'un des
auteurs pour l'inviter officiellement à la séance, ajoute ces
lignes qui font tout à la fois l'éloge de celui qui les a
reçues et de celui qui les a tracées : " L'indulgence
avec laquelle vous appréciez mes notices ne saurait me faire
oublier toutefois combien la recherche des documents que
jai pu employer ma été facile, si je la compare aux
peines que vous a coûtées votre immense travail, à la sûreté
de vos indications, à l'érudition profonde et aux savantes
déductions qui font de vos fouilles archéologiques et de votre
histoire d'Iwuy une uvre remarquable, dont sans Vanité
d'aucune sorte, vous pouvez être fier (). "
La Commission historique du département du Nord a décidé que
l'Histoire d'Iwuy serait insérée dans son Bulletin. Voici en
quels termes, son vice-président, M. Van Hende, l'historien
lillois, a rendu compte de ce travail, au nom de la Commission :
" Le tome XVIII de la Commission comprendra l'Histoire
d'Iwuy, par MM. O. Dehaisnes et A. Bontemps. Cette publication
qui est un véritable modèle du genre, montre à quels
résultats la persévérance et le zèle pour la recherche des
documents peuvent conduire les auteurs d'histoires de communes
rurales qui paraîtraient, au premier abord, n'avoir joué aucun
rôle appréciable dans le passé. L'histoire dIwuy débute
par des données très intéressantes sur les populations
primitives de cette localité : ce ne sont pas des récits ne
reposant sur aucune base, comme cela arrive trop généralement
pour les histoires des communes rurales; cest le résultat
des fouilles entreprises dans le sol lui-même et le résumé des
découvertes par l'auteur de ces fouilles. Le moyen-âge, les
temps plus modernes jusqu'en 1789, n'ont pas été moins fertiles
en révélations : ici encore, rien n'a été affirmé sans
preuves et les fouilles dans les vieux documents n'ont pas été
moins fructueuses que celles opérées dans le sol. Cette
importante publication comprend plus de 400 pages (). "
Nous avons emprunté à d'autres les appréciations sur
l'Histoire dIwuy. Il ne nous appartenait pas d'émettre une
opinion sur la valeur d'un travail, auquel nous sommes loin
davoir été étranger et dont les auteurs nous sont unis
par les liens les plus étroits du sang et de l'amitié.
O. DEHAISNES , Archiviste
honoraire du département du Nord.
Lille, le 1er décembre 1887.